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La baisse d'impôts au Québec : une stratégie économique risquée ?

La baisse d'impôts au Québec : une stratégie économique risquée ?

Pourquoi la baisse d'impôts peut être bénéfique... ou non?

Le contribuable en moi est content, ainsi que l'homme d'affaires, mais l'économiste en moi est plus inquiet des répercussions à long terme de la récente baisse d'impôts annoncée par le gouvernement du Québec. Bien que des baisses d'impôts puissent avoir des avantages économiques, il est important de considérer les risques potentiels.

Nous ne sommes pas en récession et nous n'avons pas besoin de stimuler l'économie.

La récession est une période où l'économie est en déclin et le taux de chômage est élevé. En ce moment nous sommes ni en récession, ni notre taux de chômage est élevé. Alors pourquoi procéder à une baisse d'impôts actuellement? 

Des promesses électorales

Lors de la dernière campagne électorale, les autres partis d'opposition, sachant très bien qu'ils n'allaient pas remporter l'élection, ont fait tour à tour des promesses de baisse d'impôts. La CAQ n'a pas eu le choix de faire de même et nous sommes maintenant pris avec un gouvernement qui "doit" respecter sa promesse.

Donc le gouvernement accepte de se priver de 1.7 milliards de dollar dans l'espoir de créer 16,000 emplois annuellement. C'est JUSTE 110,000$ par emploi. Mais quel emploi? et pourquoi maintenant? 

Dans une économie de plein emploi comme actuellement, est-ce normal de gambler l'argent des contribuables sur des emplois à 110 000 dollars?

Ce type de mesure se font dans les périodes plus difficiles

Lors des récessions, les gouvernements ont différents moyens de stimuler l'économie, soit par une baisse d'impôt, soit par la méthode Keynes.

La méthode Keynes

Nommée d'après l'économiste britannique John Maynard Keynes, consiste à augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande. Cette méthode ne fonctionne que rarement car elle nécessite une augmentation de la dette publique.

Il y a plusieurs exemples au Canada où la méthode Keynes n'a pas fonctionné comme prévu. Par exemple, le gouvernement fédéral a lancé un plan de relance économique en 2008 pour faire face à la crise financière mondiale, en dépensant massivement pour stimuler l'économie. Cependant, cela a entraîné une augmentation de la dette publique et n'a pas conduit à une reprise économique significative.

Un autre exemple est la tentative du gouvernement fédéral de relancer l'économie canadienne dans les années 1970, qui a conduit à une forte inflation et à des taux d'intérêt élevés. Malgré les dépenses massives du gouvernement, l'économie a stagné et la dette publique a augmenté.

Plus récemment, le gouvernement ontarien a introduit un plan de relance économique en 2009, qui prévoyait des dépenses massives pour stimuler l'économie. Cependant, cela n'a pas conduit à une reprise économique significative et a entraîné une augmentation de la dette publique.

La baisse d'impôts alors?

L'impact de la baisse d'impôts sur l'économie est également un facteur important. Des études ont montré que, en moyenne,1/3 des baisses d'impôts vont directement dans les dépenses à la consommation.

Pourquoi la baisse d'impôts peut être risquée

Une question de timing! On annonce une baisse d'impôts mais qui va commencer à l'automne. L'impact de l'annonce aura très peu d'impact car à la fin la différence sur l'argent disponible reste minime. Pour ne pas se mettre dans la "schnout" financièrement, une baisse d'impôts qui est bénéfique doit être fait lorsqu'une des 3 conditions suivantes est rencontrée:

  1. Lors d'une récession (nous ne sommes pas là)
  2. Impôts trop élevés (c'est vrai! mais nos besoins sont trop grands pour notre vouloir de gestion des revenus )
  3. Fonds publics sont bien gérés (ce qui n'est pas le cas)

L'impact à moyen et long terme 

Si la baisse d'impôt ne stimule pas la croissance économique, elle peut augmenter la dette publique. Les gouvernements peuvent également avoir peu de contrôle sur la manière dont les baisses d'impôts sont dépensées. On vie d'amour et d'espoir

Les baisses d'impôts peuvent stimuler les dépenses à la consommation, mais il est possible que ces dépenses soient consacrées à des produits importés plutôt qu'à des produits locaux. Est-ce que le payeur de taxes va consommer ce nouvel argent au Québec? Il n'y a pas de garantie. Et fort probable qu'une partie va partir vers l'extérieur du pays. Je rappelle qu'un dollar dépensé localement équivaut à 2.5 dollar.

Regardons ailleurs un peu

Malheureusement, l'expérience passée nous montre que cette méthode (diminution des impôts) n'est pas toujours efficace, comme en témoignent les exemples des États-Unis dans les années 1980, du Royaume-Uni dans les années 1990 et de l'Allemagne dans les années 2000.

Aux États-Unis:

La politique fiscale de Reagan dans les années 1980 a conduit à une forte augmentation de la dette publique et à une baisse de la croissance économique à long terme.

Au Royaume-Uni:

La politique de Thatcher dans les années 1990 a entraîné une augmentation de la dette et une stagnation économique prolongée.

En Allemagne:

La réforme fiscale de Schröder en 2000 a conduit à une augmentation de la dette publique et à une stagnation économique.

Le Japon:

De même, la situation actuelle du Japon, caractérisée par une désinflation prolongée depuis les années 1990, montre les limites de la politique fiscale pour stimuler l'économie.

 Au-delà de ces exemples historiques, il est important de considérer les mécanismes économiques sous-jacents à la baisse d'impôts. Les études ont montré que seule une partie des économies fiscales est investie dans des projets productifs. Une partie significative est dépensée dans la consommation, ce qui peut stimuler temporairement l'économie, mais ne crée pas de richesse à long terme. De plus, la baisse d'impôts peut avoir des conséquences négatives sur le déficit budgétaire et la dette publique, qui peuvent finalement nuire à la croissance économique.

L'économie est un écosystème

Enfin, il est important de rappeler que l'économie est un écosystème complexe impliquant les gouvernements, les particuliers et les entreprises. Les gouvernements ont peu de moyens de stimuler l'économie directement, mais peuvent le faire en stimulant la demande.

Ce sont les entreprises qui créent des emplois en autant qu'elles soient compétitives. Et ces entreprises créent de l'emploi lorsqu'il y a une demande des consommateurs. Pour que les dollars nouvellement disponibles soient dépensés au Québec, il est important d'aider les entreprises à rester compétitives et à créer des emplois locaux.

Que va-t-il rester au gouvernement si notre province tombe en récession ? Que va-t-il arriver si les taux d'intérêts continuent de monter afin de réduire le taux d'inflation ou de redonner un boost à notre dollar ? Bâtir des ponts ? Des autoroutes ? Cette mesure se devait d'être utilisée au moment où les journaux auraient écrit en lettres majuscules :

"NOUS SOMMES EN RÉCESSION".

Nous ne sommes pas là, mais puisque j'ai de l'argent nouvellement disponible, est-ce que je m'achète un Air Fryer chinois ou des produits québécois ? hummm...je vais faire ma part et choisir des produits québécois. Et vous ?

 

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